Nous nous sommes sentis bien seuls, Gérald et moi, ce dimanche, au départ de la Corrida, car nous étions les deux uniques représentants du club. Que répondre à la question : « Où sont passés les autres membres de VHS venus en nombre l’an passé? » La principale explication c’est que cette année les organisateurs ne se seront pas contentés de notre licence loisir et ont exigé un certificat de course à pied en compétition.Heureusement notre ami médecin m’a fourni un certificat en urgence la veille de la course.
En fait, la bruine du petit matin a laissé place à un ciel couvert s’éclaircissant au fil du temps et du soleil en fin de parcours, du moins pour ceux qui n’ont pas couru trop vite. Bref, les conditions de course furent très correctes.
Pour Gérald et moi, c’était l’occasion de tester notre binôme en situation de course, même si le nombre de participants, environ 200, était ici bien modeste par rapport à celui auquel nous serons confrontés en Finlande. Dans le sas de départ, point d’autres malvoyants, ni d’autres handis, vous pouvez me croire, je les aurais vus! Par contre, beaucoup auront remarqué une bestiole dépassant tout le monde de 3 têtes ; ça c’était mon fils Clément arborant pour la course un déguisement de tyrannosaure Rex gonflable! Plusieurs l’ont acclamé, en pensant que c’était la nouvelle mascotte de l’épreuve.
Le parcours de 11,2 km passe par les petites rues de Sassenage, puis rejoint le barrage de St Egrève en passant par les berges du Furon et de l’Isère. Ce n’est pas difficile, à part un passage délicat, un sentier sombre et étroit, le long du Furon. La difficulté, quand on part en queue de peloton comme nous, ce fut de remonter la file de ceux qui par petits groupes prenaient parfois toute la largeur de la route; ça oblige à zigzaguer entre les groupes, changer de rythme et faire attention à ne pas bousculer les autres. Malgré toute ma vigilance, j’en ai bien bousculé 2 ou 3, et notamment Jean-Patrick Bolf, qui m’en a surtout voulu de lui être passé devant. Je dois dire ici que Gérald a été formidable dans ce pilotage à vue, si je puis dire, et m’a encouragé tout le long en me demandant: Yves, ça va? Au début, je répondais: oui, très bien ou super. Mais, après au bout d’une demi heure de ce petit jeu d’évitement, et alors qu’il y avait bien moins de monde sur la piste, j’y ai laissé des forces, et je n’étais plus trop en mesure de répondre aux ‘ça va? »
Bref,après une fin de course plutôt épuisante pour moi, nous franchissons la ligne d’arrivée en 1h02, 5 mn après le tyrannosaure. C’est frustrant de terminer derrière un animal vieux de plus de 65 millions d’années!
Au lendemain de la course, aux prises avec des courbatures pour 2-3 jours, je comprends le peu d’empressement à disputer ce genre d’épreuve.